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SHEILA O’ CONNOR “J’AURAI 14 ANS TOUTE MA VIE”

" « Pénélope a fait rire et réchauffé des cœurs. Aujourd’hui, je choisis la vie, la liberté — pour elle et pour moi.»

by redazione

 

 

Je suis sensible, mais pas fragile. Je suis là parce que je n’ai jamais cessé d’y croire. »

Rires, confidences et nostalgie au cœur de la scène

Il y a quelques semaines, en zappant de chaine en chaine, je me suis arrêtée devant l’énième rediffusion de “La Boum 2. Le film était déjà bien avancé, mais je l’ai regardé, encore une fois, jusqu’au bout. À la fin, je me suis demandé pourquoi je le  regardais toujours, comme tant d’autres, sans jamais m’en lasser.

Peut-être parce qu’à travers Vic et ses amours adolescentes, à travers Pénélope, sa confidente espiègle aux boucles rousses, on retrouve une part de nous-mêmes. Une bande de copains, des histoires intemporelles, une époque où tout semblait encore à inventer.

Pénélope, c’est l’amie qu’on aimerait avoir : drôle, fidèle, solaire. Et derrière Pénélope, il y a Sheila O’Connor.

Quarante-cinq ans plus tard, Sheila O’Connor nous offre un rendez-vous inattendu au théâtre avec  : J’aurai 14 ans toute ma vie qu’elle a écrit, qu’elle joue, qu’elle vit comme un retour à soi. Elle partage la scène avec la comédienne Bertille Miraillé qui incarne son “moi” jeune. Un spectacle pour raconter ce qu’il y avait derrière la frimousse joyeuse — ses années 80, ses chutes, ses envols, ses secrets.

A la veille de son début à Avignon, c’est avec beaucoup de plaisir et d’émotion que nous avons rencontré Sheila O’Connor — alias la pétillante Pénélope de la Boum — pour parler de scène, de souvenirs, et de cette incroyable aventure qu’est son seul-en-scèneJ’aurai 14 ans toute ma vie. Un entretien sincère, chaleureux, à l’image de celle qui nous a tant fait rire… et qui continue.

Entretien avec Sheila O’Connor

(à l’affiche du spectacle « J’aurai 14 ans toute ma vie » – Festival Off Avignon 2025)

Vous avez choisi le théâtre pour raconter votre histoire. Qu’est-ce qui vous a donné envie de créer ce spectacle aujourd’hui ?

« Je voulais recréer un lien avec le public, leur raconter mon histoire car à chaque fois qu’on me reconnaît, les gens me disent : On veut vous voir jouer ! »

Comment est née l’idée de J’aurai 14 ans toute ma vie ? Était-ce une évidence ou un long cheminement ?

« Depuis longtemps, mes amis me disaient, « Tu dois raconter ton histoire, elle est trop dingue ! ». J’avais donc le titre de puis longtemps en tête mais je n’assumais pas de ME raconter. Quand j’ai travaillé avec le metteur en scène Philippe Calvario en 2023 sur « Le jeu de l’amour et du hasard » (Marivaux), où j’interprétais Lisette, j’ai retrouvé confiance en mon métier de comédienne. Philippe m’a remis le pied à l’étrier comme on dit (j’étais scénariste depuis de longues années) et l’accueil du public a été si chaleureux que je me suis dit qu’il faudrait que je me lance. J’en parle à Philippe qui me répond « Si ta pièce me plaît, je te mets en scène et je te produis ! ». Je n’avais plus que le choix d’écrire et tout s’est emballé ! J’ai décroché l’Adami Déclencheur, puis le prix du fonds SACD théâtre (ça date du 12 juin !). On n’y croyait pas mais les gens adorent le texte. »

À qui s’adresse ce spectacle ? Qu’aimeriez-vous transmettre au public ?

« A tous, à partir de 14 ans. J’y parle des années 80 dans une nostalgie joyeuse, à travers mon histoire, je parle de la grande histoire de cette époque. C’est un texte universel. Ma partenaire Bertille Mirallié qui me joue moi jeune, est fabuleuse et les jeunes d’aujourd’hui, se reconnaissent en elle. Dans le texte, j’aborde des sujets familiaux, professionnels, on passe du burlesque à de grandes émotions, un peu à l’Anglaise en fait. Sur scène, on s’amuse et lors de notre sortie de résidence, il y avait des jeunes de 15 ans jusqu’à une dame de 80 ans, tout le monde est sorti du théâtre avec « la banane » et « la pêche »  ! »

Vous dites cohabiter depuis 45 ans avec Pénélope. Est-ce facile aujourd’hui d’en parler sur scène ?

« Oui aujourd’hui c’est facile, j’ai la chance d’avoir un capital sympathie extraordinaire avec mon public. Mais il fut un temps où je ne supportais plus « Pénélope » car elle m’empêchait de travailler. Les professionnels du métier, ne me percevaient que de cette façon et ne faisaient aucun effort pour me proposer autre chose que le même personnage et malheureusement, souvent moins bien écrit que le personnage de la boum. J’ai donc arrêté de jouer, je ne voulais pas jouer des rôles de « cruche ». J’ai donc refusé beaucoup de travail puis me suis tournée vers l’écriture et la réalisation (3 courts-métrages) »

Quel regard portez-vous sur ce personnage et ce qu’il a représenté pour toute une génération ?

“Aujourd’hui Pénélope est mon amie, ma complice, car elle a fait rire, elle a réchauffé des cœurs et laisse un souvenir de joie réelle. Et dans « J’aurai 14 ans toute ma vie », je raconte que derrière ce sourire, ce n’était pas simple mais j’ai toujours choisi la vie, la liberté, donc au fond, on se ressemble un peu avec Pénélope. 

 « Pénélope a fait rire et réchauffé des cœurs. Aujourd’hui, je choisis la vie, la liberté — pour elle et pour moi. »

Si vous pouviez dire quelque chose à la Sheila de 14 ans, que lui diriez-vous ?

« Tu as été forte, libre. Tu vas en payer les conséquences mais surtout, garde ton émerveillement ! »

Que ressentez-vous lorsque vous rejouez, par vos mots, votre vie et ces souvenirs sur scène ?

“Beaucoup d’émotions, surtout que j’interprète aussi ma mère dans la pièce avec des scènes assez costaudes et l’émotion surgit instantanément. Mais quand je fais rire, je me régale tout autant, et il y a des moments très cocasses dans la pièce.”

. »Que représente pour vous le Festival d’Avignon ? Avez-vous une émotion particulière à y présenter ce projet ?

«

“Je n’ai pas mis les pieds à Avignon depuis 35 ans ! Je suis complètement excitée d’y aller tout en sachant que c’est une jungle (vu le nombre de spectacles), c’est un défi pour moi et je vais le relever ! J’espère que le public me suivra et j’espère décrocher ensuite des dates de tournée. Quelque chose d’harmonieux se passe sur ce spectacle et j’ai envie de faire confiance à la vie.”

Après Avignon, envisagez-vous de jouer ce spectacle ailleurs ?

« OUIIIIIIIIII ! Partout ! Et à Paris aussi : je rêve du Petit Saint Martin (c’est mon petit secret)… alors je le demande à l’univers ! »

Votre parcours est riche et multiple : qu’est-ce qui vous rend la plus fière aujourd’hui ?

« Ma fidélité. J’ai des amis depuis l’école primaire et le collège, d’autres depuis une trentaine d’années et Philippe Calvario, mon metteur en scène d’aujourd’hui, en fait partie, il est une des rares personnes à qui j’ai répondu à l’époque pour lui envoyer un autographe et une photo. Je n’avais pas l’argent nécessaire pour répondre aux fans mais lui, je l’ai fait, sa lettre m’a touchée plus que les autres et aujourd’hui, c’est lui qui m’accompagne sur ce projet ! La vie est dingue des fois, comme je le dis dans mon spectacle… »

Après toutes ces années, comment apprivoisez-vous encore la part de vous qui doutait autrefois ? Et que lui murmurez-vous aujourd’hui avant de monter sur scène ?

“C’est l’enfant intérieur qui manquait de confiance, aujourd’hui après tout ce que j’ai vécu, j’ai confiance en moi car je suis en accord avec mes choix et ma vie. Non je ne suis pas fragile car je suis une combattante et j’ai la chance d’avoir beaucoup de volonté, de ne jamais rien lâcher. Vraiment j’insiste, je suis une sensible mais pas du tout fragile ! Sinon je ne serai plus là.
Et aujourd’hui, avant de monter sur scène, j’appelle mes morts, mes précieux amis déjà partis et je demande à l’univers, de faire rire et toucher les spectateurs”

. »

Elle l’affirme sans trembler : Pénélope ne l’enferme plus. Aujourd’hui, c’est Sheila qu’on vient voir. Une femme qui a choisi la scène pour se dire, se libérer, et offrir à nouveau ce qu’elle a toujours su faire de mieux : faire rire et toucher les cœurs.

Elle présentera J’aurai 14 ans toute ma vie  avec la comedienne Bertille Miraillé, du 5 au 26 juillet au Festival d’Avignon-20h10 (www.essaigon-avignon.com) , avant — elle l’espère et nous aussi— de le jouer partout en France, pour longtemps encore.

Sandrine Aloa-Mani

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