Lola S. | Les codes du luxe est la troisième invitée de notre rubrique : “Backstage Icons, la face cachée…du Luxe”.
“Backstage Icons-La face cachée de…” est né avec l’intention d’explorer et de raconter la face cachée de secteurs prestigieux , fait de personnes passionnées et innovantes comme Lola S. notre nouvelle invitée, qui créent de la valeur, non pas en recherchant nécessairement la célébrité, mais avec le désir d’apporter beauté et authenticité à ce secteur. Nous continuons donc notre voyage à la rencontre de ces pépites avec notre troisiéme “Backstage Icon” : Lola S. Bonne lecture!
Il y a des comptes Instagram qui enseignent plus qu’un long article, plus qu’un cours magistral. C’est au fil de mes explorations sur Instagram, que j’ai découvert celui de Lola S.I Les codes du luxe.
Un espace élégant, exigeant, clair, où le luxe n’est ni étalé ni idéalisé, mais pensé, analysé, transmis. J’ai tout de suite été enthousiate par la justesse de ton, l’intelligence du propos, la pédagogie simple mais toujours fine. Et j’ai su que cette voix-là méritait un coup de projecteur.Car derrière les carrousels impeccables, il y a une jeune femme de passion, de précision et de transmission. Une consultante au parcours solide, une ancienne d’Hermès, une communicante qui conjugue exigence et bienveillance, et qui raconte mieux que personne ce que le luxe dit de nous.
L’ Entretien
— Bonjour Lola, pourriez-vous vous présenter en quelques mots à nos lecteurs ? D’où venez-vous et quel est votre parcours ?
Après des études en communication à NEOMA, j’ai rejoint successivement les Maisons de luxe Chanel, Louis Vuitton, Hermès, puis PUIG, sans piston et avec beaucoup de détermination.
Le luxe a longtemps représenté pour moi un rêve, mais aussi un défi personnel : celui de me prouver que j’étais capable d’évoluer dans un univers d’exigence extrême.
Il y a un an, j’ai choisi de quitter mon CDI dans le luxe afin de voler de mes propres ailes en devenant consultante en communication.
J’aide aujourd’hui des marques à structurer leur discours, à élever leur positionnement et à gérer leurs réseaux sociaux en s’inspirant des codes et de l’excellence du luxe.
Et depuis six mois, je partage également ma vision de cet univers sur Instagram via mon compte @lescodesduluxe.
— Petite fille, rêviez-vous déjà de travailler dans le secteur du luxe ou de la mode ? Vos parents évoluaient-ils dans cet univers ?
Petite, je passais des heures à découper des images de mode dans les magazines. Je créais des collages, des mises en scène, comme une première tentative d’exprimer une vision du beau.
Le luxe ne faisait pas partie de mon quotidien : mes parents travaillaient dans l’éducation et le social, un monde très éloigné de cet univers, souvent perçu comme élitiste.
Longtemps, je me suis crue différente d’eux. Et pourtant, leur créativité, leur recherche de sens et leur goût pour la transmission m’ont profondément marquée.
J’en ai pris conscience en créant mon compte Instagram. Ce que je partage aujourd’hui est une forme de continuité familiale : démocratiser le luxe et transmettre ses codes, que je n’avais pas en débutant, et auxquels j’aurais aimé être initiée.
— Vous avez travaillé pour Hermès avant de devenir consultante pour des marques de luxe. Qu’est-ce que cette « école du détail » vous a appris sur l’art du luxe ?
Hermès a été, pour moi, l’école de l’exigence absolue. Chaque détail est une intention et une obsession. Rien n’est jamais laissé au hasard.
Durant mes six années au sein de cette Maison, j’y ai appris à soigner chaque écrit, chaque prise de parole.
C’est une maison profondément codifiée, où l’on ne parle ni de marketing, ni même de luxe, mais de communication et de savoir-faire d’excellence.
Une maison sans égérie, qui se définit par la singularité et la qualité de ses objets.
— Je trouve cela extraordinaire de consacrer autant de temps à la divulgation de cet univers. Pourquoi le faites-vous, et pour qui ?
Je le fais pour celles et ceux qui ont le goût des choses bien faites, sans nécessairement maîtriser les codes du luxe.
Mon compte est une passerelle entre ce monde feutré et ceux qui l’observent à distance.
Il y a beaucoup de fantasmes autour de cet univers. Ce que je souhaite, c’est raconter comment ça se passe réellement.
Je ne cherche pas à produire du contenu spectaculaire, mais à partager des clés concrètes inspirées des plus grandes maisons.
Mon objectif ? Rendre le luxe moins élitiste, plus tangible, plus vrai.
Loin du clinquant, je veux montrer qu’avant d’être un logo, le luxe est une manière de faire, et une manière d’être.
— Qu’est-ce qui vous fascine le plus dans les « codes du luxe » ? Le geste, le mot, le rituel ?
Je dirais le mot. Le mot apporte de la douceur, de la nuance, de la délicatesse.
Il traduit une identité, une émotion, une vision du monde. Il valorise sans en faire trop, il suggère sans imposer.
Et dans un monde souvent brutal et expéditif, remettre de la forme à l’écrit comme à l’oral, du soin et de l’élégance est, je crois, essentiel.
— Pourriez-vous partager un code ou une règle du luxe que l’on ignore souvent ou que l’on interprète mal ?
La discrétion.
Dans le luxe, il ne s’agit pas de s’exhiber mais de suggérer. Murmurer, plutôt que crier.
Le vrai luxe ne réside jamais dans l’ostentation.
— En tant que consultante, quel conseil donnez-vous le plus souvent aux Maisons pour rester élégantes à l’ère du numérique ?
La cohérence.C’est, selon moi, le socle de l’élégance.Le ton, la typographie, les visuels… tout doit coexister de façon fluide et harmonieuse.
Chaque point de contact avec le client doit retranscrire l’ADN de la Maison, de la même façon.Dans le luxe, la moindre dissonance peut altérer la perception, parfois de manière irréversible.
— Quel conseil donneriez-vous à une jeune personne qui souhaiterait entrer dans ce secteur ?
Cultivez votre œil, mais aussi votre exigence et votre savoir-être.Dans le luxe, la discrétion, l’écoute, l’humilité et le sens du détail sont des qualités précieuses.Travaillez votre plume, votre orthographe et affûtez votre anglais.
Mais surtout, ne jouez pas un rôle. Restez vous-même.
Je n’ai jamais possédé de pièces de luxe, et cela ne m’a jamais empêchée d’y être parfaitement intégrée.
Ce milieu reconnaît la rigueur, la sensibilité et la justesse, bien plus que les apparences.
— Qu’avez-vous ressenti la première fois que vous êtes entrée chez Hermès ? Quel poste occupiez-vous ? Avez-vous un souvenir marquant de ces années que vous accepteriez de partager ?
J’étais très impressionnée. Je me souviens de ce mélange d’admiration et d’envie d’être à la hauteur.J’étais jeune, et j’avais ce désir profond d’appartenir à ce cercle si fermé. Mes souvenirs les plus marquants restent mes déplacements à New York, où j’ai eu la chance de représenter seule la Maison pendant plusieurs semaines. Une expérience forte en responsabilité et en émotions, notamment lors d’un événement organisé à Soho, dans la résidence du chef Yann Nury.
La confiance qu’on m’a accordée très tôt m’a donné l’élan pour oser, pour me sentir légitime.
— Quelle est votre définition personnelle du luxe ?
Le luxe, pour moi, ne se possède pas. Il s’incarne.C’est une attention extrême portée aux détails… et aux relations. C’est le soin apporté à chaque geste, chaque mot, chaque interaction.Une exigence de fond comme de forme, une recherche constante de justesse, de qualité et de cohérence.
— Enfin, que vous apporte votre activité de consultante aujourd’hui que vous n’aviez pas dans vos expériences précédentes ?
Ma vie de consultante m’apporte une liberté précieuse, et surtout un sentiment d’utilité profond. La transmission donne du sens à mon travail : j’accompagne celles et ceux qui souhaitent adopter les codes du luxe et se premiumiser avec élégance. Mon compte Instagram a pris une place importante dans cette évolution. Il m’a permis de rencontrer des clients sensibles à mon univers, qui me font confiance pour gérer leur image, leur storytelling et leur présence digitale.
Il est devenu une grande source d’opportunités et de joie au quotidien.
Lola S. incarne cette nouvelle génération de communicants du luxe : cultivée, exigeante, alignée avec ses valeurs, et tournée vers les autres. À travers son travail, elle montre qu’il est possible d’allier excellence et transmission, sans jamais perdre de vue l’élégance du fond comme de la forme. Son regard, sa rigueur et sa sensibilité font d’elle une voix singulière à suivre de près — et à écouter avec attention.
Sandrine Aloa-Mani